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La 2nd Tactical Air Force (Normandie 44)



On a beaucoup écrit au sujet du débarquement et de l'invasion de la Normandie en juin 1944, la plupart des écrivains ayant choisi de relater le rôle des forces terrestres dans l'établissement de la tête de pont et les combats souvent féroces qui s'ensuivirent pour la consolider.
Pourtant le succès de l'invasion alliée en Normandie fut, en partie, dû à la supériorité aérienne établie au-dessus de la tête de pont, ce qui permit aux forces terrestres de bénéficier d'un soutien aérien efficace.
Cet article décrit le rôle déterminant joué par l'avion « Hawker Typhoon » dans les attaques au sol au cours de la Bataille de Normandie
Le 7 août à Mortain, les Typhoon de la 2nd T.A.F. anéantissent la contre-offensive blindée allemande :
L'immense déploiement des forces alliées en Normandie et la découverte de la présence du général Patton sur le terrain conduisent l'OKW ( Oberkommando der Wehrmacht) à admettre qu'il n'y aura pas d'autre débarquement dans le Pas de Calais.
L'OKW décide alors de lancer tous ses blindés vers l'ouest.
Alors que la 1ère Armée canadienne accroît sa pression sur Falaise et que la 3ème Armée américaine capture Le Mans, le maréchal von Kluge reçoit l'ordre de Hitler de rassembler toutes les formations de panzers, engagées ou non, et de les lancer sur Avranches pour sectionner net l'artère vitale du 12ème Groupe d'armées U.S. de Bradley, par où s'écoule le flot des troupes et du ravitaillement qui transforme la Bataille de Normandie en Bataille de France.
Cette force blindée est placée sous le commandement du général Eberbach et peut compter sur la présence de plus de 280 chars ( Panther, Panzer IV et autre Stürmgeschutzen ) hâtivement lancés dans une contre-attaque de la dernière chance ( opération Lüttich ).
Le secteur boisé, vallonné, parcouru de routes secondaires étroites, ne se prête absolument pas à un tel déploiement de blindés.
L'avance à lieu sous le couvert de la nuit sur un front de trois Panzerdivisionen, la 116° au nord, la 2° au centre et la 2° SS au sud.
Les troupes avancées de la 30th U.S. Infantry Division sont vite mises en déroute sous l'effet de surprise et le poids de la supériorité matérielle des Panzers à Saint¬Barthélémy et au Mesnil-Tove.



Le petit matin est brumeux avec un brouillard bas qui, par endroit, gène considérablement la progression des Panzerdivisionen.
L'épaisse brume commence à se déchirer vers 11h00, s'effiloche de plus en plus pour, à midi, laisser place au grand ciel bleu et au chaud soleil d'août.
Tout le secteur américain demeure exclusivement sous la responsabilité de la 9th US MF dont les Mustang de reconnaissance survole alors cette contrée, propice au camouflage, un art que les Allemands possèdent parfaitement.
Les canons antichars et l'infanterie sont au contact avec les éléments de tête et communiquent des coordonnés par radio.
A midi, la 2° SS Panzerdivision « Das Reich » reprend Mortain à la 30th U.S.I.D., la 2° Panzerdivision est au Mesnil Adlée et à Chérencé.
Il n'y a plus de temps de déplacer les troupes américaines, il faut intervenir immédiatement pour stopper net la menace de la masse des panzers qui foncent vers Avranches.
La proximité des adversaires interdit l'envoi des bombardiers lourds sur une zone mal définie.
Alors que s'estompent les derniers lambeaux de brouillard autour de Mortain, les responsables des Forces aériennes tactiques en Normandie conviennent par téléphone que les Typhoon de la 2nd T.A.F. de la Royal Air Force armés de roquettes sont tout à fait adaptés à l'engagement air-sol des colonnes de blindés.
Les P 47 Thunderbolt de la IXo U.S.A.A.F fourniront la couverture de chasse sur ce secteur, d'autres poursuivent leurs missions quotidiennes au sol, ailleurs, en secteur américain.
La totalité du 83rd Group de la 2nd T.A.F.est engagée sur cet objectif mouvant, les plans de vol sont rapidement établis, inhabituels dans ce secteur dans ce secteur généralement « Off Limits » pour la R.A.F., entre Mortain et Sourdeval.
Le système « Cab Rank »* de communication sol-air est conjointement mis au point en quelques minutes, les roquettes sont chargées et armées, les quatre canons à bord de chaque Typhoon du 83rd Group reçoivent chacun leur chargeur de 130 obus de 20mm.
Sur la piste d'envol de l'ALG** B 5 au Fresne-Camilly, les premières paires de « Tyffies-Rocket » du 174 Squadron décollent à 12h15 dans un nuage de poussière ocre, suivies de deux autres paires chaque trente secondes.
Les Typhoon du 181 Squadron prennent l'air au même moment à 4 kilomètres de là, à B 6, Coulombs, pilotes sanglés à leur sièges, verrière fermée, les yeux rivés sur les instruments de vol sans visibilité du tableau de bord.
A 13h00, ils sont au-dessus du terrain de chasse et repèrent 60 panzers et 200 véhicules sur la route qui va de Chérencé à Saint-Barthélémy par Belle-Fontaine.
Par paires, les dix-huit Tyffies s'enroulent sur l'aile gauche après qu'ils aient laissé la colonne compacte de blindés sur l'arrière gauche et plongent vers la tête et la queue de la longue colonne, en atteignant vite les 700 km/ho A 500 mètres de l'objectif, le pouce gauche presse la détente de mise à feu des huit roquettes antichars qui filent dans les rails et foncent dans une traînée de fumée blanche vers la route encombrée où les troupes s'éparpillent.
Manche au ventre, voile noir sur les yeux, les membres plaqués au corps, il est impossible au pilote de vérifier les impacts de ses fusées.
Et les assauts des paires de Typhoon se succèdent sur cette départementale, à la roquette et au canon de bord, et les appareils reprennent le cap 40, vers leurs bases.
Tandis que les Tyffies de la 2nd T.A.F. plongent sur les panzers, 24 P 47 Thunderbolt de la 9th U.S.A.A.F. découvrent et bombardent une concentration de transports près de Sourdeval.
D'autres véhicules légers sont tirés à la roquette par d'autres P 47 à Mortain.
A ce moment, quelques ME 109 sont vus et engagés par les P 47 de la couverture basse.
A 13h00, deux autres squadrons de Typhoon (609)prennent le relais sur le même secteur de routes secondaires et encore à 13h35.
Puis la navette prend son rythme régulier entre Mortain et les ALG : décollage, attaques, atterrissage toutes les vingt minutes, y compris le plein en carburant et le réarmement.
Vers 14h30, par un soleil brûlant, les Typhoon remportent brillamment la première victoire d'une force aérienne tactique sur les troupes et chars ennemis, sur le Front Ouest.
Après les premières attaques, les panzers parviennent à s'extraire du chaos de l'extermination sur la route et à se dispersés, à trouver refuge dans cette région boisée et vallonnée.
Certains n'échapperont pas à l'œil exercé des « tueurs de panzers », à l'affût à 300 mètres d'altitude, et en communication VHF*** permanente avec les observateurs avancés américains à l'ouest et au nord de Mortain.
La procession se prolonge de 14h00 à 20h00, parfaitement bien réglée.
Les jeunes pilotes sont impressionnés par la confusion et les dégâts infligés à l'ennemi qui, à présent, s'est écarté des panzers qui flambent, fument ou restent immobiles, cibles désertées qu'il suffit de repérer pour mettre en pièces.
Un irrésistible sentiment de puissance envahit chaque jeune pilote aux commandes de son formidable chasseur-bombardier de six tonnes, quatre canons de 20mm chargés, 8 roquettes de 30kg armées, 2.200 chevaux sous le capot-moteur. ... Au sol, les tankistes et fantassins du XLVII Panzerkorps sont encore plus impressionnés.
En fin d'après-midi, la 30th U.S. Infantry Division rétablit la situation au nord de Mortain, la 116° Panzerdivision est au Mesnil Adlée, à 25km d'Avranches, tandis qu'au sud, la route de Saint Hilaire du Harcouët est coupée, les infiltrations de la 2° SS Panzerdivision dépassent Mortain à l'ouest.




En fin d'après-midi encore, la 2ème Armée britannique signale de nombreux blindés au sud-ouest de Vire et les Typhoon sont déroutés pour parer cette nouvelle menace des panzers.
Cinq Panthers sont laissés en flammes et la navette de Mortain reprend normalement, une fois l'alerte passée en secteur anglais.
La difficulté d'identification entre troupes U.S. et allemandes s'accroît vers 18h00, quand les Allemands d'Eberbach se heurtent aux solides défenses des 9th et 30th U.S.I.D., renforcées par des Tank-destroyers et canons antichars hâtivement acheminés pour briser l'élan des panzers de plus en plus clairsemés.
Tout le pays de Mortain est ponctué de colonnes de fumée noires s'élevant droites dans le ciel bleu foncé.
A la tombée du jour, les Typhoon ont réalisés 294 sorties en huit heures d'engagement sur la contre-attaque allemande, détruisant 119 chars alors que 21 autres sont touchés mais récupérables.
En outre, 73 autres véhicules sont définitivement mis hors d'usage, 39 autres endommagés, abandonnés.
Une douzaine de Typhoon sont touchés par la Flak peu agressive par discrétion évidente devant le risque de repérage.
Trois sont abattus.
Le succès conjugué sol-air des alliés face à cette formidable offensive allemande est patent.
Les soldats américains magnanimes reconnaissent avoir bénéficié d'un sérieux coup de main des Anglais: « Chapeau aux gars de la R.A.F. ! ! »
Bien que les trois jours qui suivent voient se dérouler de violents combats autour de Mortain, jamais plus la menace des panzers ne sera renouvelée.
Conclusion du Maréchal Coningham sur cette opération: « La 2nd Tactical Air Force par son 83rd Group a été capable de briser une offensive terrestre déterminée, selon certaines circonstances,
en l'occurrence
1 - Les blindés et autres véhicules offraient un objectif idéal, pare-chocs contre pare-chocs, en terrain accidenté peu propice pour manœuvrer.
2 - La Flak était faible, la Luftwaffe inexistante.
3 - L'effort tactique maximum a été délivré.
4 - La météo était excellente.

Des facteurs favorables exceptionnellement réunis le 7 août à Mortain Le 11 août, alors que le Panzergruppe Eberbech, s'épuise entre Ger et Mortain-Est, le général Montgomery donne l'ordre au 12ème Groupe d'armée de Bradley de pivoter du Mans vers Alençon, au lieu de se confirmer au plan, qui est d'atteindre la Seine sous Mantes ainsi qu'il était initialement prévu.
Ceci avec le maximum de forces et à toute allure! En même temps, il exhorte la 1 ère Armée canadienne de Crerar, à déboucher sur Falaise. Ainsi se dessine le grand enveloppement de ce qu'il est admis d'appeler la « Poche d'Argentan - Falaise»


le rôle de la 2nd T.A.F. dans l'encerclement de la 7ème et de la 5ème Panzerarmee dans la Poche d'Argentan-Falaise.

Du 9 au 12 août, les groupes 83 et 84 de la 2nd TA.F. effectuent près de 2000 sorties opérationnelles en soutien des armées anglo-canadiennes au sud et à l'ouest de Caen.
La nuit, le 2ème group attaque à la bombe les passages sur la Seine et les points stratégiques en arrière des Allemands.
Le 10 août, le commandant en chef des Forces Aériennes alliées, le maréchal Leigh-Mallory, de son QG tout neuf de Saint-Sauveur-Lendelin, délivre une directive ajustée à l'évolution rapide de la situation:
- IXo U. S. A. A. F. : secteur d'opération au sud de la ligne passant par Vire-Argentan-Dreux-Mantes¬Arras-Boulogne.
- 20 TA.F. : opérera au nord de cette ligne.
- Les chasseurs à long rayon d'action de la 9ème U.S.AA.F. pourront en cas de besoin, assister la 20 TA. F. à sa demande
Cela signifie que la plus grande partie du terrain de chasse de l'armée allemande en retraite reviendra aux Typhoon et Spitfire de la 2nd TA.F.
Le 12 août à 17h00, deux Mustang de reconnaissance photographique du 39° Wing rapportent de nombreux clichés qui présentent clairement un trafic exceptionnellement intense, direction ouest-est, sur la route Briouze-Argentan.
Par ailleurs, en vue de couper les voies de retraite du Panzergruppe Eberbach sur l'Orne, 100 sorties de Typhoon sont opérées sur trois ponts fortement défendus par la Flak, près du Mesnil-Villement.
Cinq Typhoon sont alors abattus, tandis que 254 sorties de B-26 et A¬20 de la 9ème U.S.AAF.au sud et sur Argentan visent des objectifs similaires.
A l'est de la Risle, les P-47 de la 9ème patrouillent tandis que ceux de la 8ème U.SAA.F. opèrent au nord de la Seine.
Dans la nuit du 12 au 13 août, B-25 et Mosquito de la 2nd TAF. opèrent 221 sorties sur les ponts de l'Orne et au sud de Falaise, que le Bomber Command « gratifie» de 660 tonnes de « High Explosives » que 114 Lancaster déversent sur le carrefour nord de la ville (èglise Saint-Germain).
Au sud, le Xvo corps de l'armèe Patton, 2ème DB française en tête, approche des faubourgs sud d'Argentan, le 12° Corps britannique au nord, prend Thury-Harcourt.
Le 14 août, opération Tractable, le Bomber Command envoie 811 « Lourds» à 14h00 sur six points cibles en travers de la route Caen-Falaise, au sud de Quesnay.
Le 2ème Groupe de la 2nd T.A.F. bombarde des ponts sur le Laizon, 78 Mitchell.
Puis les Typhoon bombardiers et lanceurs de roquettes attaquent des objectifs pré-établis, alors que les Spitfire patrouillent, contre un ennemi invisible, l'espace de Vire à Argentan.
La 1 st Canadian Army avance enfin sur Falaise.
Le beau temps continue d'être le meilleur allié des aviateurs coalisés contre les défenseurs du III reich qui entreprennent l'évacuation ordonnée du «Front de l'invasion»



Du 13 au 16 août, alors que Falaise tombe aux mains des Canadiens de la 2nd Division, la 2nd TAF. enregistre plus de 500 véhicules motorisés détruits et 40 blindés.
Les Typhoon du 84° groupe fréquentent de plus en plus souvent le cours de la Seine.
De nombreuses photographies prises par les avions de reconnaissance montrent des véhicules blindés ou armés qui arborent une profusion de croix rouges.
La supercherie est mise en évidence, les preuves analysées, mais le commandant suprême maintient l'ordre irrévocable de ne jamais ouvrir le feu sur un véhicule à croix rouge quel qu'il soit, à moins que d'être engagé par celui-ci, et il s'agit alors de se défendre (il y eut toutefois quelques «bavures» ).
Le 15 août, les commandants alliés des Forces Aériennes se réunissent à Saint-Sauveur-Lendelin et décident de se donner les moyens d'empêcher l'ennemi de s'échapper de la nasse.
La demande d'utilisation des bombardiers lourds est rejetée devant le risque de voir se répéter les malencontreuses et tragiques erreurs de visées des 8 et 14 août sur les Canadiens et les Polonais.

Par contre, les raids de jour des Mediums de la 9° U.SAA.F. et ceux du 2° groupe, 2nd TAF., la nuit sur les ponts des rivières Risle, Touques et Eure seront intensifiés.
En tout, dix-huit ponts sont ciblés, onze sont touchés, mais de nombreux bacs sont mis en place en d'innombrables points de passage par les pontonniers et pionniers allemands.
Le 17 août, von Kluge ordonne la retraite à l'est de l'Orne et, le soir, les pilotes de la RAF. décrivent le spectacle hallucinant des dizaines de routes secondaires entre Argentan et Occagnes, encombrées d'interminables convois hippomobiles et motorisés, de groupes de soldats à pieds, se dirigeant vers la Dives, entre Trun et Chambois.
Ce même jour, le XW Corps U.S. libère Chartres et Orléans, le Xvo Corps oblique sur Dreux, avec la 2éme DB, et les 90th et 80th Infantry Division sur Argentan-Exmes.
Objectif: La Seine atteinte à Mantes-Gassicourt. Le XXO Corps U.S. atteint Rambouillet. Quarante Me-109 et Fw-190 tentent de protéger le désenclavement allemand entre Risle et Dives. Ils sont chassés par Spitfire et Mustang.
Les routes sont mitraillés par les chasseurs-bombardiers des 2nd TAF. et la go U.SAA.F. combinées, jusqu'à la tombée du jour.
Puis Mosquito et Mitchell du 2° Groupe poursuivent le harassement de nuit, à distance des positions supposées de la 4th Canadian Armoured Division à Trun, 1st Armoured Division (polonaise) vers Camembert-Coudehard, 2ème DB et Américains au sud-est.
Les passages sur Risle et Seine sont constamment baignés de la lumiére laiteuse des fusées au magnésium que suivent parfois quelques chapelets de bombes de 125kg.
Le 18 août, la bataille de la poche bat son plein à Trun, Saint-Lambert et Chambois.
Les Allemands doivent combattre pour s'extirper du piège.
D'inévitables méprises sont à déplorer: des chasseurs¬bombardiers attaquent leurs propres troupes.
Le commandement aérien doit accepter les motivations des deux parties et accepte que la 2nd TAF. supporte exclusivement les Anglo-Canadiens et Polonais tandis que la 9° U.SAAF. appuie les troupes américaines, à leur demande implicite.
Le 83° groupe prend en charge les objectifs au sud-est de Falaise.
Le 84° groupe se voit attribuer le triangle Pont-Audemer - Lisieux - Bernay.
Le 2° groupe poursuit ses missions sur les ponts, bacs et carrefours en Risle et Seine, la nuit. Au milieu de l'après-midi du 18 août, les événements se précipitent.
Des convois atteignant 400 véhicules sont fréquents sur les petites routes qui serpentent de la Dives vers Vimoutiers, soumises aux tirs de l'artillerie alliée qui couvre désormais tout ce secteur des voies d'évacuation allemandes.
A partir de 17h00, le no SS Panzerkorps rassemble quelques Tiger et Panther des 2ème et 9ème SS Panzerdivisionen, afin de contre-attaquer depuis le nord, le goulot de la poche que la 1st Armoured Division (polonaise) se prépare à serrer.
L'hallali s'abat depuis le ciel, les Typhoon du 83° Group du Vice Air Marchal Broadhurst fondent sur les cibles innombrables malgré la Flak très abondante vers Vimoutiers.
Quatre appareils sont abattus en quelques minutes, les autres s'acharnent escadrilles après escadrilles, chacun passant au suivant par UHF les renseignements permettant de tirer avec le meilleur rendement.
Avant que tout soit dit, plus de 3000 véhicules et 1000 attelages suivront le même sort, les routes sont recouvertes de cendres, les hommes qui s'y traînent encore sont fous de frayeurs, les yeux virés les nuages, sous la menace combiné des obus, des bombes, des roquettes et des mitraillages des Jabos omniprésents.
Le 25 août 1944, les restes de la Vllème Armee retraitent dans la confusion et la lassitude vers la Seine.
Aucun répit n'est laissé aux troupes en retraite du maréchal von Kluge.
La nuit tombée, les 83° et 84° groupes de la 2nd T.A.F. ont à leur actif 1300 véhicules et 110 chars détruit au cours de la journée.
Mais les attaques au sol sont coûteuses, 25 appareils sont abattus, 17 pilotes sont tués. Au cours de la nuit les B-25 et Mosquito du 25° groupe attaquent 700 véhicules sur les berges de la Seine à Elboeuf, et en détruisent 125.
Le 19 août, alors que von Kluge disparaît de la scène du commandement allemand en assurant jusqu'au bout l'échec du Heeresgruppe B, Spitfire, Mustang et Typhoon de la 2nd T.A.F. reprennent leurs activités tactiques contre les convois allemands, particulièrement nombreux au sud de Chambois.
La pluie s'abat pourtant sur les blindages et les troupes à pied, mais l'activité est maintenue.
649 véhicules et 51 chars sont encore inscrits à l'actif de la 2nd T.A.F. ce jour là, qui perd elle-même 15 appareils sous les rafales de la Flak légère.
Une douzaine de chasseurs de la Luftwaffe sont abattus en combat aérien dans la région alors qu'une formation de quarante appareils tentaient la couverture de la contre-attaque de la 2ème SS Panzerdivision sur les chars polonais, au Mont-Ormel. En trois jours, 34 Typhoon ont été abattus par la Flak ou la Luftwaffe, la période la plus noire depuis le 6 juin ( 23 Tyffies abattus les 6 et 7 juin, 230 seront perdus au total en Normandie)
La nuit du 19 au 20 août est soumise à une météo inadéquate pour le vol de nuit des appareils du 2° groupe: elle laisse un répit provisoire aux troupes qui tentent de franchir la Seine.
La pluie tombe jusqu'à midi, le 20 août, prolongeant d'autant l'échappée allemande vers l'est.
Dès que le temps s'éclaircit, les escadrons de Spits et de Typhoon décollent de leurs bases avancées, cap sud-est.
Mais il est de plus en plus difficile de ne pas tirer sur ses propres troupes qui sont partout, le 20 août, au contact avec les Allemands.
A Chambois, Américains de la 90th U.S. Infantry Division et Polonais du général Maczek ont effectué la veille au soir leur jonction symbolisant l'achèvement de l'encerclement des arrières gardes allemandes en Normandie.
Des hordes de fantassins agrippés à des blindés de plus en plus clairsemés traversent encore la contrée de Chambois à Saint-Lambert où la 4th Canadian Army Division s'est renforcée.
Par le « Couloir de la Mort », ils grimpent vers Coudehard et Boisjos, restes déterminés du 2° corps de parachutistes, qui affrontent le 2ème régiment blindé polonais sur la crête boisée.
Sur l'autre versant, des chars lourds SS tentent de déloger les Polonais qui s'accrochent vaillamment à leurs positions précaires depuis plus de deux jours, sans approvisionnement.
Le Wing 123, dix minutes après avoir décollé de B 7, fond sur les panzers, 4 squadrons de 8 Typhoon. 7 Panther et Tigre sont anéantis à quelques dizaines de mètres seulement des avant postes polonais !



Le 20 août au soir, les troupes allemandes, qui n'ont pas encore passé le goulot de la poche, y resteront irrémédiablement. 40.000 prisonniers sont rassemblés, plus de 5000 tués gisent parmi les carcasses de véhicules calcinés et les cadavres des chevaux.
Plus à l'est, la retraite se poursuit vers la Seine et un pilote du 400° squadron ramène une série de clichés qui montrent près de 2000 véhicules encombrant la route de Vimoutiers à Bernay.



Du 21 au 26 août, un flot de transport allemand occupe toute la rive sud de la Seine dans l'attente d'un passage hypothétique sur l'autre berge de Quilleboeuf jusqu à Elboeuf.
La nuit, des bi -moteurs ravitaillent en carburant parachuté, les troupes immobilisées.
Le 23 août, les Spits du 83° groupe engagent la chasse allemande à l'est de Rouen et ramènent 12 victoires confirmées, alors que le 25, P-51 et P-38 de la 9°U.S.A.A.F., dans le même secteur, en abattent 77 autres! Grâce à 24 points de passage aménagés sur la Seine, les 5° Panzerarmee, 7° Armee et le Panzergruppe Eberbach réussissent à sauver plus de 200.000 hommes en deux semaines, du 11 au 26 août, mais concèdent aux Alliés la destruction d'une partie des armes lourdes et des équipements, sous les coups répétés des chasseurs-bombardiers alliés qui, dans la poche de Falaise, exécutent victorieusement leurs missions sous les couleurs de la 2nd Tactical Air Force.


Prosper Vandenbroucke



Cab-Rank: coordination sol-air par radio. En général un pilote expérimenté, assisté d'un officier observateur de l'armée de terre, guide les avions jusque sur leurs objectifs
** ALG : Advanced Landing Ground ( Terrain d'atterrissage avancé)
*** VHF : Very High Frequency ( Très haute fréquence)
Source texte: Hors série 39-45 Magazine N° 11 juin-juillet 1989.
Crédit photographique: Coll. JP Benamou, IWM, G.Murphy via le magazine précité



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Dernière modification le : 28/04/2008 @ 09:50
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