Site du 350ieme Squadron

Belges en France 1940 (Histoire)


 

La capitulation de l'Armée Belge, le 28 mai 1940, ne toucha en fait que le personnel de l'Aéronautique Militaire resté sur le territoire national, à savoir l'Etat-Major et trois escadrilles.
Le reste, écoles, dépôts, services auxiliaires et escadrilles avec ou sans avions avaient été systématiquement évacués en France.
Il y avait ainsi en France une petite centaine d'avions, de tous genres, la plupart absolument inadaptés au service opérationnel.
L'ensemble se trouvait placé sous les ordres du Général Legros, commandant en second de l'Aéronautique Militaire qui, depuis la mi-mai 1940, avait été envoyé en France dans le but d'organiser le rééquipement des escadrilles.
Depuis le 12 mai 1940, l'Ecole de Pilotage avait gagné Tours puis Caen-Carpiquet, et se préparait à gagner Oujda au Maroc.
L'Ecole de Tir se retrouvait avec ses avions à Cazaux, tandis que ceux de l'Ecole d'Aéronautique stationnaient à Pau.
Les Etablissements de l'Aéronautique et les Services s'étaient installés à Bordeaux¬Mérignac.
Les différents groupes, ou plutôt ce qu'il en restait, se retrouvaient dans la région de Tours, sauf le 1I/2Aé qui était à Chartres.
Par la suite, certaines escadrilles de chasse gagnèrent le Centre d'Entraînement de la Chasse française à Fré jorgues-Montpellier.
Pendant tout le séjour des unités belges en France, le Général Legros ne ménagea aucun effort pour essayer de rééquiper les escadrilles en matériel français ou anglais.
Il fut près de réussir à deux reprises, mais il se heurta chaque fois au refus catégorique du Général Denis, Ministre de la Défense Nationale, qui eut des scrupules d'ordre politique plutôt que militaire.
Depuis le 22 mai 1940, le Général Legros put entrer en contact avec l'Air Ministry par l'intermédiaire du Colonel Wouters, attaché militaire à Londres.
Les pourparlers visaient à obtenir des autorités britanniques la cession de 80 chasseurs, de 60 avions de reconnaissance et de 40 bombardiers légers.
Ces tractations n'obtinrent pas de résultat mais débouchèrent sur une proposition britannique qui tendait à incorporer du personnel belge dans les escadrilles de l'Advanced Air Striking Force / R. A. F. opérant en France.
Trente pilotes belges environ auraient pu être dirigés sur une unité du Fighter Operationnal Training Unit, avant d'être incorporés en escadrilles.
Les pilotes, navigateurs et mécaniciens auraient pu servir dans les escadrilles de «Fairey Battle". Cette proposition, comme celle de reformer les groupes en Angleterre se heurta au refus d'un gouvernement qui, auparavant, avait déjà donné la preuve de son impéritie et de son incohérence.
Le 27 mai encore, l'Air Ministry proposa aux équipages belges de leur céder le matériel de deux escadrilles de "Hurricane" dont le personnel rentrait en An¬gleterre pour y être mis en repos.
La capitulation de l'Armée belge mit fin à cet espoir et, en définitive, ce fut la Belgique qui céda du matériel aux Anglais fin mai 1940.
En effet, la plus grande partie de la commande des" Brewster Buffalo" à fournir par les U. S. A, fut cédée aux Anglais au terme d'un contrat signé entre l'Ambassadeur extraordinaire Mr. Theunis et le chef d'une commission d'achat britannique.
Entretemps, le Général Legros avait agi de mêlme façon auprès des autorités françaises.
Les groupes sans avions du 3e Régiment d'Aéronautique attendirent leur rééquipement en bombardiers légers " Bréguet 694". Un premier appareil fut effectivement livré.
Piloté par le Lieutenant Philippart, il fut endommagé à l'atterrissage après un vol d'entraînement. Quelques jours plus tard, le Général Vuillemin marqua son accord au rééquipement de deux groupes du 3e Régiment d'Aéronautique avec 24 bimoteurs" Lioré-Olivier 45".
Ces appareils auraient du être pris en charge à l'aérodrome de Marignane, l'entraînement initial devant se dérouler sur les deux "Caudron Goéland" belges parqués à Mérignac.
Un premier appareil aurait été livré mais fut presqu'aussitôt enlevé, vu les circonstances défavorables.
Il n'y eut plus ensuite de promesses ni de projets de rééquipement des unités belges.
Celles-ci se retrouvaient dans leurs cantonnements, abandonnées à elles mêmes, sans ordres et dans le plus grand dénuement.
Mais cependant, des aviateurs belges commençaient à en avoir" ras le bol" de toutes ces tergiversations, de ces projets sans suite et des négociations ratées.
Ils étaient décidés, eux, à continuer la lutte.
Alors, bravant les interdictions des autorités belges, ils s'évadèrent de France estimant que le combat pouvait reprendre en Angleterre.
Les pilotes Offenberg et Jottard "empruntent" un "Caudron Simoun" français et, via la Corse, l'Algérie et le Maroc, où ils doivent abandonner leur avion, arrivent à Liverpool.
D'autres encore s'évadèrent, certains de Belgique déjà: Renson, De Soomer, de Selys-Longchamps, Terlinden, Dieu, van den Hove d'Ertsenryck, V. Ortmans, Le Roy du Vivier, de Henricourt de Grunne, etc ...
Et ces aviateurs qui transgressèrent les ordres supérieurs passèrent en conseil de guerre et furent condamnés par contumace! Ces condamnations ne furent supprimées qu'en 1948, alors que plusieurs d'entre-eux avaient été tués au service du Pays!



L'Ecole de Pilotage, ses officiers, moniteurs et élèves, son matériel, arrivèrent à Oujda en juin 1940 à bord de l'" Algérie ", cargo mis à la disposition du Gouvernement belge.
Ils s'installèrent" en campeurs" sur un aérodrome qui n'était l'as achevé: les baraquements n'étaient pas encore terminés et les installations sanitaires étaient inexistantes.
Tous ces gens étaient placés sous les ordres du Général Tapproge.
Pourquoi avoir choisi le Maroc? Fort probablement pour deux raisons: la première, parce que le climat local permettait un entraînement constant qui ne serait pas interrompu; la seconde, parce qu'après tout le Maroc n'était pas si loin du Congo Belge ...
Bientôt, les vols furent interdits par les autorités françaises en vertu des accords d'armistice et l'ennui gagna la petite colonie belge.
Le souci majeur du Général Tapproge était de rejoindre le Congo.
Il réquisitionna sept trimoteurs "Savoia-Marchetti" de la SABENA arrivés à Alger dans le but d'évacuer l'Ecole vers le Congo, mais il se heurta à un nouveau refus français.
On envisagea alors de s'embarquer pour l'Angleterre, bien que le Général Tapproge se montra assez réticent, mais à nouveau les Français prétextèrent qu'aucun navire ne pouvait quitter les ports d'Afrique du Nord.
Et alors, comme cela s'était déjà passé en France, les aviateurs les plus décidés défièrent toute interdiction et tentèrent de rejoindre l'Angleterre ou le Congo.
Le 1er juillet 1940, quatorze aviateurs se mêlèrent à des pilotes polonais et s'embarquèrent à Casablanca, au nez et à la barbe des agents de la sécurité française, à bord d'un navire faisant route vers Gibraltar.
Ils furent à Liverpool le 16 juillet.
Le 3 juillet, un autre groupe plus important s'embarqua sur le "David Livingstone ", sous la conduite du Capitaine Cajot.
Le Capitaine Burniaux et le Sous-Lieutenant Ceuppens rejoindront l'Afrique du Sud et la S. A A F.
Vers la mi-août 1940, le Gouvernement belge dissocié décida, avant de partir" en exil ", de démobiliser tous les militaires belges.
Le personnel de l'Aéronautique resté en France se joignit aux 500.000 militaires remontant vers le Nord et la Belgique.
Ils connurent des sorts divers après le passage de la ligne de démarcation.
Beaucoup se retrouvèrent derrière les barbelés allemands.
Quant au personnel de l'Ecole de Pilotage replié à Oujda, il fut touché par la même mesure.
Les appareils avaient été saisis par les autorités françaises, de même que ceux de la SABENA.
Le rapatriement commença.
Le voyage débuta le 25 août 1940 vers Marseille et se termine après quelques jours ... à Hammerstein, en Poméranie !